John

Après quelques remarques insipides de ma part et des commentaires de la salle nous permettant de mieux comprendre les points obscurs de l’intrigue, nous avons écouté pendant cinq minutes un spectateur dont l’analyse était passionnante, ainsi je me contenterai de retranscrire le plus fidèlement possible ce que j’ai retenu. Il aurait fallu un magnétophone hier soir.

Le comportement très introspectif de Hamid est remarquablement filmé, visiblement le résultat des traumatismes vécus aux mains des tortionnaires du régime de Bachar Al Assad. Côtoyer sa propre mort et vivre celle des ses proches laisse des cicatrices, au propre et au figuré, indélébiles. Mais est-ce que la vengeance de Hamid doit être un acte individuel de sa part ou celle de la justice des hommes ? C’est une des questions-clés du film. Ce dilemme poursuit inlassablement le limier, devenant une obsession dévorante, remarquablement souligné par une bande-son qui ressemble à un grognement volcanique, un mouvement tellurique prêt à raser tout sur son passage. Maintes fois on a imaginé le justicier se venger, maintes fois il a reculé. La tension est palpable.

Est-il possible de faire table rase pour Hamid et de recommencer une nouvelle vie ailleurs ? Comment vivre dans un monde quand on peut se fier à personne, quand chaque personne rencontrée est un ennemi potentiel ? Vivre sans sa langue, sa culture, les parfums et les couleurs de son pays natal, prendre racine.