Archive Avril 2024
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Avril 2024
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La nouvelle femme
En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, a un secret honteux – sa fille Tina, née avec un handicap. Peu disposée à s’occuper d’une enfant qui menace sa carrière, elle décide de quitter Paris pour Rome. Elle y fait la connaissance de Maria Montessori, une femme médecin qui développe une méthode d’apprentissage révolutionnaire pour les enfants qu’on appelle alors « déficients ». Mais Maria cache elle aussi un secret : un enfant né hors mariage. Ensemble, les deux femmes vont s’entraider pour gagner leur place dans ce monde d’hommes et écrire l’Histoire.
Compte rendu de la séance
John
« C ‘est ma croix, mon destin. Un jour je reviendrai et et je t’apporterai toutes les joies. A moi les peines. » «Tu es toute ma vie »
Ainsi s’adresse Maria Montessori à son fils Mario qu’elle retrouvera quand il aura quinze ans. Depuis sa naissance hors mariage, l’enfant a vécu caché à la campagne, inenvisageable en 1900, en Italie, de le laisser vivre avec sa mère, c’est la honte qui prévaut.
C’est dans l’absence de ce fils tant aimé et dans son combat pour ne pas s’effacer devant son compagnon, le père de l’enfant, trop envahissant, que Maria va choisir de consacrer sa vie aux enfants « idiots » aux « déficients » les cabossés de la vie qu’il faut enfermer dans des institutions sans espoir d’en tirer quelque
chose. Car pour la société patriarcale italienne bien-pensante, on les met dans le même panier que les criminels et les prostituées, ce ne sont que des dégénérés et les mandarins hommes de l’académie ne peuvent imaginer un instant que l’on puisse leur apprendre quoi que ce soit. Ceci est d’autant plus vrai quand c’est une femme qui relève le défi. Une femme médecin tellement peu reconnue qu’elle travaille sans salaire dans l’hôpital public et qui ose prétendre qu’elle va instruire ces enfants afin qu’ils puissent intégrer une classe de CP. Une femme nouvelle qui va se battre pour que les femmes s’instruisent et accèdent notamment aux sciences, c’est ainsi qu’elles vont pouvoir se libérer. Pour Maria Montessori c’est
la femme et sa « maternité » qui doit structurer la société.
Elle se battra ainsi pour que certains de ces disciples apprennent peu à peu à compter, à lire à parler. Ils se mettront, grace à leurs apprentissages « scientifiquement élaborés » à appréhender et apprendre le monde qui les entoure . Passant par l’observation de l’enfant dans une approche qui favorise le sensoriel et le gestuel, elle construira sa pédagogie à partir de que l’enfant sait faire intuitivement en mettant à sa disposition des outils pédagogiques adaptés. On n’ingurgite pas les connaissances pour mieux les régurgiter dans une éducation où tout est mesurable, quantifiable. Ici c’est le qualitatif de la relation à l’enfant qui prime. Il faut d’abord aimer l’enfant, il faut faire attention à lui pour qu’il s’épanouisse.
Des exemples d’épanouissement abondent dans le film et je n’oublierai jamais le jeu de colin-maillard dans lequel la petite Tina reconnaîtra sa mère, le réciproque est vrai. Les scènes qui montrent la joie des enfants quand ils écoutent et dansent sur la musique, magnifiquement filmées, m’ont beaucoup ému. Que dire de la scène quand « l’idiote » Tina vient embrasser Maria qui avait écrit au tableau « Si tu comprends ce que j’écris viens me donner un bisou » .
Une salle de cinéma presque pleine et un public très averti avec des témoignages de professionnels, notamment une jeune enseignante qui a elle-même financé ses formations Montessori et fabriqué ses outils pédagogiques ( devenus très chers et un vrai business). Merci pour vos contributions enrichissantes . Je pourrai développer encore plein de thèmes mais je vous encourage plutôt à aller voir le
film pour les découvrir vous-mêmes.