Archive Janvier 2024
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Janvier 2024
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Little Girl Blue
À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition.
Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter pour rejouer sa vie et la comprendre.
Compte rendu de la séance
John
Il fallait être fin limier pour rentrer dans ce récit labyrinthique des vies de trois générations de femme de la famille De Mona Achache. La réalisatrice disposait d’un matériau à film fait de multiples carnets, de milliers de photos, d’enregistrements, de films familiaux et d’archives. Elle plonge dedans pour en tirer une certaine vérité, pour mieux comprendre le suicide de sa mère. Film en forme de thérapie sans doute, pour rompre la transmission en chaîne des souffrances ultimes des femmes de sa famille. On espère que son but sera atteint et que ces images à la fin du film de descente vertigineuse d’un escalier en spirale symbolisent la fin des tortures.
Il fallait aussi une Marion Cotillard qui incarne Carole Achache, qui l’incarne dans le sens premier du mot : elle prend sa peau, sa chair, son regard, sa voix. Elle se dépiaute à la fin. Prodigieux travail d’actrice qui est tellement convaincant que l’on s’y perd , voit-on l’actrice ou la mère ? Parle-t-on de quelle femme, quelle génération ? La confusion était évidente parmi les prises de parole pendant le débat après la séance.
Comment peut continuer de vivre la mère de la réalisatrice, qui se considère comme une « collabo » « une merde » incapable de protéger sa fille qui sera violée par Jean Genet. Elle est « une erreur » incapable de réparer les blessures provoquées par les hommes « qui passent » ces hommes à la fois « ordures et gens bien ». Car tout en les détestant elle les a aimés, c’est cela qui rend la vie insupportable.
Seul espoir de liberté selon Marguerite Duras, l’écriture ou le suicide, écrire ou mourir. Une vie de funambule entre extase et désespoir absolu.
Pour accompagner le générique du film on écoute le désespoir de l’héroïne la chanson de Janis Joplin « Little Girl Blue » qui compte ses doigts et des gouttes de pluie qui tombent ; c’est son seul réconfort , autour d’elle personne pour partager sa peine.