Archive juin 2024
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juin 2024
- Excursion
12 juin 2024 en salle / Drame
De Una Gunjak
Titre original : Ekskurzija
12 juin 2024 en salle / Drame
De Una Gunjak
Titre original : Ekskurzija
À Sarajevo, Iman, une adolescente en quête de reconnaissance, affirme lors d’un “action ou vérité” entre collégiens avoir fait l’amour pour la première fois. Prisonnière de son propre mensonge, elle invente une grossesse et devient le centre d’une controverse qui échappe à tout contrôle.
Compte rendu de la séance
Jean-Marie
Un film qui ressemble à une fable où la vraisemblance n’est pas la priorité. Les incongruités du film, pour nous qui sommes à l’extrême ouest de l’Europe, ne peuvent vraiment s’appréhender que si on se souvient du traumatisme épouvantable et récent qui a frappé ce pays depuis 1992. Les rapports professeurs-élèves, notamment, ou professeurs-parents, ou même professeurs-téléphones, ont suscité maints commentaires. L’irrationnalité suggère une manière de folie qui ne me paraît s’expliquer profondément que par l’histoire. Le fil rouge de la sexualité féminine dramatisée fonctionne comme une métaphore filée.
Si on ne perçoit pas le sens de cette quête de liberté et de tolérance réciproque, sur une ligne de crête où le danger de basculer est partout dans une société stricte et très peu permissive, où l’écart avec la norme devient très vite scandale intolérable et menace fatale, il est probable que le film reste dans la mémoire du spectateur comme une œuvre caractérisée par la platitude de la mise en scène et la bizarrerie du scénario. Dans Mon oncle Benjamin, le père de Manette déclare avec le plus grand sérieux que « la virginité des filles n’est pas un sujet de plaisanterie ». Mais cela est démenti chez Molinaro par tout le reste, qui rappelle qu’on est dans une comédie. Dans ce film, en revanche, la formule à coup sûr ne ferait rire personne. Ce qui n’empêche pas non plus, par ailleurs, à relever dans ce portrait d’une adolescente en butte à des intolérances sociales dans son pays des analogies avec certaines situations dans la nôtre.
La fascination de la réalisatrice pour son actrice principale, filmée avec une grande sympathie, ne suffit sans doute pas à compenser cette impression. La comparaison avec le Virgin suicides de Sofia Coppola, entre autres, serait sans aucun doute cruelle. On a fini par conclure que la réception du film dans son pays de création pouvait être bien différente de la nôtre, et on aurait bien aimé avoir plus d’information à ce sujet. En attendant, on est resté, il faut bien l’avouer, quelque peu sur sa faim.