Archive Mars 2024

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Mars 2024

  • Shikun

6 mars 2024 en salle | 1h 25min | Drame
De Amos Gitaï
Par Amos Gitaï
Avec Irène Jacob, Yaël Abecassis, Hana Laszlo
6 mars 2024 en salle | 1h 25min | Drame
De Amos Gitaï
Par Amos Gitaï
Avec Irène Jacob, Yaël Abecassis, Hana Laszlo
Synopsis :

Inspiré de la pièce d’Eugène Ionesco, le film raconte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire à travers une série d’épisodes quotidiens qui se déroulent en Israël dans un seul bâtiment, le Shikun. Dans ce groupe hybride de personnes d’origines et de langues différentes, certains se transforment en rhinocéros, mais d’autres résistent.

Une métaphore ironique de la vie dans nos sociétés contemporaines.

Compte rendu de la séance

John

J’ai présenté le film comme une œuvre complexe, difficile à décortiquer car il s’agit de théâtre filmé en huis-clos, exercice déconcertant pour les cinéphiles. J’ai bien fait, car seul notre débat et les contributions des uns et des autres nous ont permis de trouver l’entrée de ce labyrinthe de la mémoire juive, cependant la sortie semble encore bien dissimulée .

Gitaï nous livre un examen de conscience, à la fois confession et auto-flagellation .Une série de monologues, notamment ceux du personnage principal qui semble être l’alter-ego du réalisateur, s’interrogeant et nous interrogeant. Peut-on résister aux rhinocéros, doit-on chercher les causes de notre violence, faut-il combattre inlassablement ses effets ?

Quand on est juif, ces questions prennent des couleurs particulières, la recherche d’une identité et d’une appartenance sont douloureuses. L’héroïne déclame qu’il faut regarder le monde avec détachement, avec humour, elle se dit surprise par la situation actuelle, elle se protège comme elle peut avec des somnifères pour dormir en essayant d’éviter les cauchemars. Elle se débat contre la folie du monde qui la menace et sa propre folie.

On entend le martèlement des rhinocéros, ceux qui possèdent l’unique vérité totalitaire, celle qui nous aveugle, celle qui nous fait taire, celle contre laquelle il faut s’élever à contre-courant, celle qui peut nous écraser et nous transformer en d’autres petits rhinocéros. Les personnages se croisent sans se voir, on baisse la tête honteusement, aucun horizon en vue, sans cap et sans boussole, on tourne en rond. Le message est clair, le chemin à suivre à l’avenir l’est beaucoup moins.

«  Ce qui a été n’est plus », « il faut suivre son temps » deux extraits des monologues qui en disent long. Un autre extrait magnifique, le poème de Darwich entendu vers la fin du film.

On note dans le générique la contribution d’Umberto Eco et on a beaucoup apprécié la musique originale de Louis Sclavis. On remercie le jeune spectateur de onze ans que j’ai interrogé sur son appréciation du film qui a dit deux choses essentielles que personne dans la salle a dit avant lui.

« Il ne faut pas avoir peur » «  Il est très difficile de sortir de l’immeuble » Merci jeune homme.