John

« Si vous voulez tuer votre chien, accusez-le de la rage »

Ce proverbe convient parfaitement pour le film , surtout le verbe accuser. Car dans ce conte qui comporte des accusations réelles passées et présentes, le réalisateur nous en suggère d’autres dans un régime chinois plus qu’autoritaire. En effet, quelle manière serait plus efficace pour se débarrasser de l’opposition, quelle « rage » annoncer pour contrer l’étudiant de la place Tiananmen, pour étouffer les ouïghours ? Les deux enragés du scénario, Lang et le chien noir se lient d’amitié et de solidarité, ensemble ils deviennent les défenseurs des plus faibles, admis par leurs semblables, les divers animaux du film, tous en liberté conditionnelle. Mais qui impose les conditions ? Le désert de Gobi, le réaménagement forcé de la ville à l’abandon, la tenue des Jeux olympiques à Pékin en 2008, l’éclipse du soleil et sa promesse d’un jour nouveau ? C’est tout cela à la fois et Lang comme le loup solitaire, farouchement indépendant et totalement taiseux, refuse de se soumettre à un destin prédéterminé, ce destin que l’on peut accepter en courbant le dos tout en écoutant une propagande de l’Etat qui fait marcher ses citoyens la tête haute, les yeux rivés sur un avenir meilleur. Lang qui offrira une solution à un père mourant mais qui refusera une relation amoureuse avec la petite danseuse du cirque ambulant, à moins que ce sourire de la fin qui accompagne la fuite de Lang nous ouvre d’autres portes et une autre fin.
« Open your hearts I’m coming home » « ouvrez vos coeurs je rentre chez moi » chanson de Pink Floyd dans la bande-son, Lang est rentré, il est reparti, justicier d’un western chinois poétique et sombre à la fois. On se régale.