Archive septembre 2024

Archive

septembre 2024

Affiche du film "Septembre sans attendre"
Affiche du film "Septembre sans attendre"
  • Septembre sans attendre

28 août 2024 en salle | 1h 54min | Comédie dramatique
De Jonás Trueba
Par Jonás Trueba, Itsaso Arana
Avec Itsaso Arana, Vito Sanz, Andrés Gertrudix
Titre original Volveréis

28 août 2024 en salle | 1h 54min | Comédie dramatique
De Jonás Trueba
Par Jonás Trueba, Itsaso Arana
Avec Itsaso Arana, Vito Sanz, Andrés Gertrudix
Titre original Volveréis

Synopsis :

Après 14 ans de vie commune, Ale et Alex ont une idée un peu folle : organiser une fête pour célébrer leur séparation.

Si cette annonce laisse leurs proches perplexes, le couple semble certain de sa décision. Mais l’est-il vraiment ?

Compte rendu de la séance

John

Dans son film précédent vu à Ciné-Rencontres « Eva en Août » Trueba a déjà évoqué un temps suspendu, un été qu’Eva allait passer seule à Madrid pour se retrouver, mieux se découvrir et partir à la découverte de son entourage. Elle se sent en quelque sorte libérée des lois de la pesanteur, libérée du temps qui passe dans un huis-clos temporel.

A nouveau ce thème du temps qui passe est central dans le nouveau film du réalisateur, le temps avec ses trois divisions, le passé, le présent et le futur. Ce sera une référence à Bergman et à un jeu de tarot qui permettra de tirer une carte pour chacun de ces temps. Pour le passé la mémoire, pour le présent l’horizontal et pour le futur l’envol. La mémoire et les souvenirs de ce couple formé depuis quatorze ans. L’horizontalité du temps présent, un encéphalogramme plat sans crêtes et sans creux, du moins en apparence. L’envol d’un nouveau futur possible, le début d’une vie nouvelle qui attire et fait peur à la fois. Vol d’Icare ?

Trueba joue avec les outils du cinéma dans une mise en abime, c’est un film dans un film dans lequel une large dose d’auto-dérision pimente en permanence ce qui est somme toute une histoire banale. Le cinéma est-il capable de contribuer au BNB ? Le Bonheur National Brut, référence au livre de Stanley Cavell.

L’avantage du cinéma est sa capacité à jouer avec la chronologie, d’effacer ce qui nous perturbe et de ré-agencer le temps pour mieux servir son propos. Le cinéma serait-il plus beau que la vie ? Le portrait de sa femme peint par Alex, plus réel que la réalité, notamment en faisant appel à l’astuce qui consiste à la peindre à l’envers, on n’y voit plus la personne, simplement les lignes et les contours.

Quelques magnifiques scènes avec ses acteurs fétiches me resteront. Je pense surtout à ces fragments d’un discours amoureux, présentés comme projet d’un nouveau film. Ce texte lu et filmé par Alex et Ale dans lequel les mots prennent un poids incommesurable et suggèrent magnifiquement l’indicible, ces vibrations et ondulations des sensations amoureuses détectables et pourtant qui échappent à tout sismographe. Voilà la beauté du film, le sel qui manque à la paëlla du père D’Ale, le sel de la vie de tous les jours.